Publié le 24 Octobre 2022
Sans travaux de rénovation énergétique, au moins 750 000 logements de la région parisienne sortiraient du marché locatif d’ici 2034.
L’étude de l’Institut Paris Région d’octobre 2022, réalisée en partenariat avec l’Insee, s’intitule « Sans travaux de rénovation énergétique, près d’un logement francilien sur deux bientôt interdit de location ». On y apprend qu’en Île-de-France, la proportion de logements classés E, F et G au DPE, s’élève à :
Plus précisément, 22% des logements de la région parisienne pourraient être interdits de location dès 2025 (biens G), 30% à compter de 2028 (classe F) et 48% en 2034 (classe E). Cette estimation découle de l’examen des anciennes étiquettes du DPE avant la réforme de juillet 2021. Mais, on le sait désormais, la nouvelle méthode de calcul tend à augmenter le nombre de passoires thermiques.
Le parc locatif privé de la région d’Île-de-France est particulièrement touché pour des raisons claires :
Les logements énergivores sont moins nombreux quand le développement du territoire est plus récent et dense par exemple le Val Europe Agglomération ou Grand Paris Sud-Est avenir. Les territoires aisés s’avèrent aussi peu concernés.
Actuellement, en région Île-de-France, la valeur verte a une influence moindre sur les projets immobiliers. Selon une étude du Conseil supérieur du notariat datée de novembre 2021, l’effet de l’étiquette énergie du DPE correspond à -2 points pour les biens classés F et G. De nombreux ménages préfèrent habiter un logement très énergivore s’il est idéalement localisé.
Par ailleurs, les appartements, souvent en copropriété, constituent les deux tiers du parc privé. Or, la rénovation énergétique en copropriété, c’est compliqué puisque les décisions sont partagées. En outre, les politiques de l’habitat menées au cours de la dernière décennie amplifient le problème. La multitude d’acteurs impliqués freine les projets de travaux.
Enfin, pour les bailleurs, l’intérêt de rénover est discutable. Les passoires thermiques hébergent souvent des ménages âgés qui s’acquittent de loyers assez bas. De plus, la rénovation ne débouche pas toujours sur un meilleur DPE. Les contraintes patrimoniales peuvent être un gros obstacle dans une capitale réputée pour ses immeubles haussmanniens.
L’étude confirme aussi la vulnérabilité financière accrue des occupants des passoires thermiques. En moyenne, les locataires des logements énergivores d’Île-de-France ont des revenus inférieurs de 6,1% à ceux des autres locataires.
De manière générale, les ménages qui occupent des passoires thermiques ont un niveau de vie systématiquement inférieur à celui des autres propriétaires. Cette constatation s’explique notamment par les profils des occupants de logements énergivores. En propriété et en région parisienne, il s’agit majoritairement de retraités, puis de femmes seules.
L’étude se termine par des propositions pour rénover les logements franciliens :
Enfin, les auteurs soulignent un point déjà mis en évidence par l’étude de l’Apur sur les enjeux de la rénovation énergétique à Paris : « les habitants des logements à faible performance énergétique ne sont pas les plus gros consommateurs d’énergie. »
Enfin, les restrictions à la location pourraient avoir des effets négatifs importants sur les ménages les plus modestes. Si la rénovation énergétique entraîne des hausses des loyers, les plus pauvres seront exclus du parc locatif.